Squatters

squatters AFFICHE

de Romed Wyder

documentaire – 1995 – 70 min. / 55 min. – parlé français
avec sous-titres allemand / anglais
première au Festival « Vision du Réel » à Nyon, avril 1996

Générique

réalisation, scénario, image: Romed Wyder
montage: Romed Wyder, Maria Watzlawick
son: Richard Vetterli
musique: The young gods
avec la participation de: Caroline, Christophe, Marcel

Production et distribution

production: Romed Wyder
coproduction: Ecole Supérieure d’Art Visuel, Genève
droits mondiaux: Paradigma Films
soutien financier: Office fédéral de la culture, DIP du Canton du Valais, DAC de la Ville de Genève, DIP du Canton du Genève

vente online du DVD:
La version de 55 min. a été ajouté comme Bonus sur le DVD du film « Pas de café, pas de télé, pas de sexe »:
www.swissDVDshop.ch, www.artfilm.ch,
www.directmedia.ch (Vente en Suisse uniquement), www.amazon.de (Verkauf in Deutschland)

Synopsis français

En 1994, le canton de Genève compte 1900 squatters qui occupent 75 bâtiments. Chaque 200ème habitant est donc un squatter. A l’époque le milieu des squatts était partie intégrante de la ville de Genève. Ses activités culturelles sont relatées et discutées dans les journaux et rares sont les moments où l’on parle du fait que tout cela est en principe illégal et ne serait pas possible ailleurs. Le film remet les activités des squatters dans le contexte initial du mouvement: le manque d’habitations bon marché et le désir de modes de vie alternatifs. Pour ce faire, la caméra observe trois squatters dans leur quotidien sans y intervenir. Ces scènes sont complétées par des interviews avec les protagonistes.

Synopsis deutsch

1994 zählt der Kanton Genf 1900 Besetzer die in 75 Hausern leben. Jeder 200ste Einwohner ist also ein Besetzer. Damals war die Besetzerszene noch ein fester Bestandteil von Genf. Ihre kulturellen Aktivitäten werden in den Zeitungen aufgeführt und diskutiert. Nur selten spricht man über die Tatsache, dass dies alles eigentlich illegal ist und anderswo nicht moglich wäre. Der Film bringt die Aktrvitäten der Besetzer zurück in den ursprünglichen Zusammenhang der Bewegung: das Fehlen von billigem Wohnraum und der Wunsch nach alternativen Lebensformen. Um die Umzusetzen, beobachtet die Kamera drei Besetzer in ihrem Alltag ohne in diesen einzuschreiten. Diese Szenen werden durch Interviews mit den Protagonisten ergänzt.

Synopsis english

In 1994 the state of Geneva counts 1900 squatters who occupy 75 houses. Every 200th inhabitant is so a squatter. In those days the scene of squatts was an integrant part of the town. Its cultural activities are related and discussed in the newspapers. Only rarely one talks about the fact that all this is properly illegal and would not be possible elsewhere. The film brings the activities of the squatters back to the initial context of the movement: the absence of cheap habitations and the desire of alternatives ways of living. To carry out this, the camera observes three squatters In their daily round without interfering in it. Those scenes are completed through interviews with the protagonists.

L’auteur à propos du film

Au moment de la réalisation de ce film, je vivais moi-même dans un squat. Mon regard est donc un regard de l’intérieur, et j’ai fait ce film pour tous ceux qui ne mettent pas leurs pieds dans un squat. Aujourd’hui, j’habite dans un immeuble avec un bail associatif et je reste fasciné par l’importance sur le plan culturel et social qu’a pu prendre ce mouvement à Genève.

Depuis une vingtaine d’années les squatters de Genève mènent une lutte plutôt pacifique pour des logements à prix abordable et pour une vie commune alternative. Ce combat est soutenu par une grande partie de la population et quelques politiciens qui sont conscients de la pénurie de logement et de la spéculation immobilière.

Aujourd’hui le milieu des squats est devenu partie intégrante de la ville de Genève. Ses activités culturelles sont relatées et discutées dans les journaux et quelques maisons occupées reçoivent même des subventions de l’État pour leurs activités. Rares sont les moments où l’on parle du fait que tout cela est en principe illégal et n’est pas possible ailleurs.

À Genève, les notions de « violation de domicile » et « dommage à la propriété » sont relativisées en fonction du contexte de l’immeuble concerné. Le procureur général ordonne une évacuation d’une maison squattée seulement dans le cas où le propriétaire de ladite maison dispose d’un permis de construction valable. Mais puisque cette pratique n’est pas la conséquence directe d’une loi, le procureur général peut aussi en décider autrement…

Le film évite les clichés habituels de la situation des squatters: Il n’y a pas de scènes d’agitation où les policiers frappent les occupants. Et il ne s’agit pas d’un manifeste militant pour la cause des squatters. Tout simplement parce que cela ne correspond pas à la vie quotidienne des occupants. C’est justement cette dernière qui est montrée à l’aide de trois squatters qui ont été d’accord de se faire accompagner par une petite équipe de réalisation pendant quelques semaines: on les voit rénover leurs immeubles, organiser des soirées, discuter en réunions, mais aussi poursuivre leurs travaux et recherches personnelles. On les entend parler de leurs espoirs, souhaits, peurs et de leurs idées politiques et sociales. Cela donne un film calme, un film qui laisse de la place au spectateur et qui le rend actif, parce qu’il ne lui impose pas une opinion préfabriquée.

L’auteur à propos de la situation des squatters à Genève

Le film squatters commence avec un carton sur lequel on lit: « En 1994, le Canton de Genève compte 1900 squatters qui occupent 75 bâtiments. Chaque 200ème habitant est donc un squatter. » Depuis, les chiffres ont augmenté et aujourd’hui 120 bâtiments sont occupés par 2’800 personnes, autrement dit 0,73% de la population totale du canton de Genève sont des squatters. Il s’agit d’une situation unique en Europe.

Plusieurs raisons ont facilité cette évolution parmi lesquelles on peut citer celles-ci:
– Les habitants conscients de leur environnement poursuivent la tradition de la prise en charge active de leurs logements et quartiers.
– La spéculation a atteint un niveau tel que la population admet les motifs des squatters et se solidarise avec eux.
– Les milieux de défense de locataire sont très bien organisés et ils ont réussi à faire aboutir des lois qui vont beaucoup plus loin qu’ailleurs en Suisse.
– Le maintien de la paix sociale est primordial pour le bon fonctionnement des institutions internationales; les confrontations sont donc à éviter.
– Les événements de Zurich au début des années 80 ont démontré l’inutilité de la répression policière.
– La ville et la population de Genève pratiquent plutôt une politique de tolérance et d’ouverture vis-à-vis des minorités (cf. votations).

Il y a une quinzaine d’années, vivre dans un squat était un choix pour une vie alternative et une habitation communautaire. Ce choix a permis aux squatters de vivre avec beaucoup moins d’argent dans des conditions moins confortables mais luxueuses si on pense au temps libre, aux projets spontanés, aux rêves rendus possibles.

Depuis quelques années la situation s’est renversée. Le chômage et la crise économique font que des jeunes gens disposent de moins en moins d’argent et que quelques-uns se retrouvent dans des squats où ils sont obligés de se plier à la vie alternative et à l’habitation communautaire. De plus, des jeunes ont commencé à revendiquer des espace pour travailler et gagner leur vie, ce qui dépasse largement le problème de logement bon marché du début du mouvement.

Il s’agit là du commencement d’une vie à deux vitesse. D’un côté la vie officielle avec du travail bien rémunéré et donc de l’argent pour « bien vivre ». De l’autre côté la vie marginale basée sur des « accords fragiles » qui permettent l’utilisation d’espaces pour vivre et travailler. Ces gens, donc souvent des squatters, disposent de moins en moins d’argent et se débrouillent avec le troc et d’autres combines. Leur objectif principal n’est pas lié à une activité politique. Même si ils ont – par nécessité – développé une conscience politique élevée, leur but est d’abord de bien s’en sortir.

Il y a aussi une minorité de squatters qui sont politiquement actifs et donc plus dérangeants. Les squatters de Fort-Barreau en font partie et il est donc « compréhensible » que le procureur général a exceptionnellement ordonné leur évacuation sans motif justifiable. Ces gens là sont visiblement dégoûtés du système actuel. Pour eux l’argent est du papier imprimé en couleur qui fait partie des instruments des riches pour garder leurs richesses et pour rendre les pauvres encore plus dépendant.